Blog de Nathalie Akakpo

Il fallait, à tout prix, être roi de quelque chose. C’est l’une de mes motivations en initiant l’Union Africaine.

L’idée avait séduit. Dans mon élan, j’ai entraîné la totalité de mes pairs, mon prestige d’homme pourri de pétrodollars, aidant. Ma vraie ambition, je l’ai, surtout révélée lorsque j’ai voulu pérenniser mon mandat à la tête de l’institution. Mais, mes pairs ont été plus vigilants que moi. Alors, j’ai corrompu les rois traditionnels de l’Afrique qui m’ont accepté comme le roi des rois de l’Afrique. Je me contentais de ce titre, faute de mieux, quand brusquement, des traitres, de faux Libyens déboussolés à la solde de Satan, entendez l’occident, viennent troubler mon sommeil. Ils sont des moins qu’hommes, des rats, des microbes, pour parler mon langage. Ils ont osé forcer les portes de mon bunker, croyant m’y dénicher. Ils ont raison puisque depuis quelques temps, je vis en compagnie des rats, des vrais, fuyant de bunker en bunker pour me soustraire à la vindicte des rebelles, ces autres rats qui ne disent pas leurs noms. Ils me cherchent partout, croyant que je suis idiot comme eux pour me laisser prendre comme un … rat. Ils ont menti parce que moi, je n’ai aucune intention de me rendre. Auraient-ils oublié ce que je dis depuis le début ? « Je me battrai jusqu’à la dernière goutte de mon sang ». Qu’importe le désastre. Et tant que les insurgés ne déposeront pas les armes, je resterai introuvable. Je suis conscient du fait que tant que je ne suis pas capturé, la guerre durera. Et tant pis pour nous tous ! D’ailleurs, je suis bien dans mon trou en compagnie des rats. Eux, au moins, sont gentils. Ils n’ont pas d’armes. Juste des dents bien aiguisées pour ronger mes doigts quand, du fait du manque d’eau occasionné par la guerre, mes fils et moi, ne lavons pas les mains après avoir mangé. Et cela, je ne m’en plains pas du tout. Mais ces voyous d’insurgés ont intérêt à, très vite, décréter un cessez le feu parce que comme je l’ai dit, si je me suis retiré, c’est juste une stratégie pour dérouter les traitres, mon objectif étant, justement, de faire perdurer la guerre afin de fatiguer la rébellion, l’affaiblir et revenir ensuite en force. Mais, pour le moment, je suis le roi des rats. Après tout, cela sonne bien, non ? Et puis, phonétiquement, ce n’est pas trop loin de « roi des rois ». Disons qu’entre l’un et l’autre, il n’y a qu’un pas à franchir.

Nathalie Akakpo